Blason de Toulouse :)

 

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Le blason de Toulouse protège la ville à la manière d'un pentacle. D'une part, il condense les données zodiacales de l'orientation de la ville, d'autre part, il met monuments, traités ou actes sur lesquels les sceaux sont apposés, sous l'égide des archétypes qui ont guidé sa fondation. Le blason est ainsi une signature zodiacale qui rappelle la mission de la Cité. Il exprime simultanément son identité et son caractère.

 

L'intérêt des différentes recherches historiques concernant la genèse du blason est de montrer qu'armes et sceaux prennent leur racine dans l'espace et le temps du mythe des origines, qui déborde l'histoire. Le blason est avant tout agencement de symboles. Les remaniements ne sont pas nécessairement des reniements des figures anciennes. Ils sont, sinon des restaurations pour une nouvelle époque d'un sens plus ancien, du moins des adaptations ou des revisitassions symboliques qui permettent de mettre les évolutions ou révolutions historiques en perspective de la tradition qui les fonde.

 

Le blason de Toulouse est l'exemple vivant de cette fonction identitaire des blasons qui conjuguent l'intemporalité de leurs archétypes et leurs représentations aléatoires dans l'histoire.

 

Les historiens chroniqueurs, érudits toulousains amateurs de récits légendaires ont à plusieurs reprises, au cours du XVI° et du début du XVII° siècle, affirmé avoir trouvé les origines des armes de Toulouse dans des textes anciens ... introuvables, aujourd'hui encore. Bertrand en 1515, Castel entre 1623 et 1633, Daydé en 1661 mais aussi Lahaye et Laigneau conviennent que le bélier constituait une figure essentielle du blason en souvenir de la métamorphose de Jupiter. L'adjonction de la croix se serait faite ultérieurement. Or cette croix appartient également à un fonds mythologique traditionnel que le christianisme a par la suite réadapté. Le bélier qui tourne la tête vers elle, comme « fasciné par la toute puissance irradiée », devient, par glissement de sens, agneau pascal, « tête nimbée », portant la croix « en bannière » ou passant devant elle et l'adorant. La légende qui accompagne le plan Tavernier de 1631 et le fragment du plan oblong de Nicolas Berey de 1663 va dans ce sens.

 

Dans la Gesta Tholosanorum de 1515, Bertrand précise : nous blasonnons le bélier-agneau et la croix « de gueules à la croix pattée, cléchée, vidée, pommetée d'or et de douze pièces, posée sur une vergette du même, accompagnée en pointe d'un agneau passant d'argent, la tête nimbée d'or, contournée, brochant sur la vergette. La croix accostée à dextre d'un château d'argent, et à senestre d'une église du même. Au chef d'azur semé de fleurs de lys d'or. »

 

Quels étaient à l'origine les deux « meubles » de l'écu ? Sans doute le château de droite était-il le Château Narbonnais. Quant à celui de gauche, il a pu être celui du Bazacle couvrant les moulins. Faut-il voir dans les représentations qui ont succédé la basilique Saint-Sernin avec les trois tours qu'elle aurait dû avoir, à la place du château du Bazacle ? Dans les Lettres Patentes du 19 juillet 1825, dernier acte officiel concernant la définition des armes de Toulouse, l'écu est dit "de gueules à la croix de Toulouse d'or, posée sur un bâton du même et qui lui sert de support en forme de bannière accostée de deux tours ou châteaux d'argent, chacune donjonnée d'une autre du même, un bélier d'argent, la tête contournée, et passant devant le pied de la croix, et un chef semé de fleurs de lys d'or".

 

Il est assurément plus aisé de retracer l'histoire des transformations qui ont engendré les formes abouties des armes et des sceaux de la ville que d'écrire avec assurance l'histoire objective des origines.

 

Quoi qu'il en soit, Roger Camboulives rappelle que la plus ancienne représentation des armes reste bien celle qui figure dans le sceau attaché à une lettre des capitouls au roi Pierre II d'Aragon pendant la croisade des Albigeois, en 1211. A l'avers : le Château Narbonnais à gauche, Saint-Sernin à droite, au revers : l'agneau nimbé, la tête non « contournée » portant la croix de Toulouse en « bannière ».

 

Si ces armes sont le plus généralement utilisées aujourd'hui, il faut cependant constater que l'authentique gardienne du sceau de la ville, la municipalité elle-même, scelle ses actes et orne son papier du blason modifié aux XVI° et XVII° siècles. L'agneau y est sans nimbe, les deux tours sont anonymes, conformément aux Lettres Patentes de Charles X.