Déodat de Séverac :)

 

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Né à Saint-Félix-Lauragais (Haute-Garonne), Joseph-Marie Déodat de Séverac (1973-1921) suit des études de droit et de musique à Toulouse avant de devenir, entre 1897 et 1907, à la Schola cantorum de Paris, l’élève de Vincent d’Indy, Charles Bordes, Alexandre Guilmant et Albéric Magnard.

Sa thèse de fin d’études portait sur la Centralisation et les petites chapelles, un plaidoyer vibrant pour un art national nourri des différentes cultures de ses provinces : « Ils (les musiciens actuels) font de la musique de Paris et pour Paris ; ils s’écartent ainsi progressivement et de plus en plus du génie propre aux diverses provinces où ils sont nés... Comme il serait beaucoup plus simple de se laisser entraîner par la musique à travers champs en suivant son caprice. L’œuvre ne peut s’imposer à l’auditeur ni par son plan, ni par sa méthode d’écriture, mais par les sentiments qu’elle fait naître en nous. »

Ses études aussitôt terminées, il retourne dans son Languedoc natal, puis se fixe définitivement en Catalogne française, au pied du Canigou.

 

Taxé, sans égards, de musicien régionaliste, il est en réalité, à l’instar de Chabrier ou de Canteloube, un compositeur qui puise son inspiration dans des mélodies et des rythmes populaires. Ainsi, dans un catalogue d’œuvres en majorité destinées au piano solo, du Chant de la Terre (1900) à Sous les lauriers roses (1918) sans oublier En Languedoc (1904), Baigneuses au soleil (1908), Cerdaña (1910-1911) et En vacances (1912-1921), se profilent les ombres de Debussy et Ravel, dans un jeu de miroitements et de correspondances sonores.

Paysagiste, dans le meilleur sens du mot, il capte des sensations et des couleurs dans une écriture audacieuse qui parfois touche à l’art de l’improvisation et de l’abstraction.

Il est également l’auteur de partitions d’orchestre (Nymphes au crépuscule en 1901 et Triptyque en 1904), d’une musique de scène pour « Hélène de Sparte » de Verhaeren (1912), de mélodies, de motets et de plusieurs ouvrages lyriques (le Mirage en 1905, le Cœur du moulin en 1908).

 

Il fut un des musiciens les plus importants de son temps. C'est un esprit indépendant et altruiste qui a voulu définir son statut d'artiste en référence à l'identité culturelle occitane et méditerranéenne.

Il attaque sans ménagement les milieux musicaux parisiens, il quitte ensuite Paris, où sa carrière semblait toute tracée, pour son Midi bien-aimé pour mieux affirmer que son oeuvre peut y avoir la même exigence d'universalité que dans la capitale. Le lien de Séverac avec la culture occitane est vital et omniprésent dans son oeuvre et ses engagements.

 

II se sait l'héritier d'une civilisation qui a été la première de l'Occident, il en incarne et défend les valeurs spirituelles et humanistes. Il veut pour la culture occitane un statut de culture à part entière qui doit s'affirmer culture savante. Séverac rejette le dualisme hiérarchisant savant/traditionnel et démontre la complémentarité des deux domaines, ainsi il introduit des instruments traditionnels dans sa musique symphonique.

 

Il fait de la terre et des traditions le paysage émotionnel de sa création savante, il s'autoproclame «musicien paysan ».

 

On peut rendre hommage à la modernité de l'engagement de Séverac. La culture occitane est culture d'aujourd'hui au plein sens du terme, elle participe au mouvement des idées par une importante création intellectuelle un modèle d'art fondé sur le respect de l'autre.

 

La démarche du festival Déodat de Séverac, fondé en 1989 à Saint-Félix-Lauragais, s'inscrit naturellement dans ce renouveau. Il contribue, dans sa spécificité musicale liée à la musique traditionnelle, à pratiquer une création porteuse de valeurs occitanes. L'enracinement du festival en pays Lauragais est voulu comme un hommage à la ruralité et à ses acteurs « les Hommes de, la Terre » d'aujourd'hui.